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Lumières

Lumières intemporelles, sereines.

Fontaines de rêves, chants de pluie.

Douces émanations de cristal aux pourtours diaphanes.

Vous êtes la chrysalide de l’aube,

Une ondée de larmes mélancoliques.

Ecoutez leurs tendres irisations

Perlées de prismes éthérés.

Elles pourfendent nos iris

D’un délicieux poison de velours pourpre.

Elles caressent nos pupilles

D’un inénarrable chatoiement.

 

 

 

Avec ses mains, avec ses yeux

Avec ses mains, elle m'a demandé des vers

Des mots à l'endroit, des mots à l'envers.

 

Elle m'a demandé avec ses mains

D'effeuiller le temps qui se brise,

D’enlacer ce cœur qui s'épuise,

De boire à la source de son âme

Le doux breuvage de ses larmes.

 

Elle m'a demandé avec ses mains

De ressusciter le feu qui se meurt,

Des tendres promesses des poèmes d'automne,

Du délicat murmure du printemps qui s'étonne.

 

Avec ses mains elle m'a demandé

La douce lueur d'un tendre regard,

La douce chaleur d'un peu d'espoir,

Et sur l'autel de son corps,

De toujours l’aimer, d'exister encore.

 

Elle m'a demandé avec ses yeux,

De voir la lumière, parfum d'éternité,

D'entendre la caresse tant désirée,

D’étreindre sa souffrance,

D'étouffer le cri de son enfance.

 

Elle m'a supplié avec ses mains, avec ses yeux,

De lui donner l'oubli, de lui donner la vie.

 

 

Square

Vaisseau de verdure flamboyante.

Oasis de nonchalante apesanteur.

Calice de rosée orpheline.

Une petite fille flotte parmi tes ramures.

Ses effluves caressent tes entrailles de pierre,

Pirogues du promeneur lacustre.

Elle émousse de ses limbes le scalpel de mes nuits.

Elle pactise avec le feu rougeoyant de ma mémoire captive.

Elle irise le silence de ce lieu solitaire

Et brise le tain des miroirs de solitude.

Petite fille, je te rejoins au sein de ces arborescentes palpitations.

 

 

 

 

Carcasse

Ma carcasse est un désert sans fin,

Inondé de larmes d’airain.

Cette eau dessèche et racorni

Le peuple de mon cœur, ce peuple en sursis

Qui sans relâche dans la nuit

Mendie quelques gouttes d’eau de vie.

 

 

 

 

   

Toi

Les bruits du monde sont silence.

Les bruits du monde sont solitude.

Les bruits du monde sont vides.

L’ombre plane de ses ailes immenses

Au-dessus de ma tête

Et remplit mon existence

De notre triste passé.

Petite écriture de nacre douce,

Ou es-tu ?

Dans un vers, une note, une larme.

La bougie est vive,

Ses pleurs de déchirants appels.

La pénombre est mon amante.

Elle est blanche, pure, palpitante.

Souviens-toi de moi.

Souviens-moi de toi.

 

 

 

Belle Azalée

Belle Azalée,

Pourquoi ne me donnes-tu de ton cœur qu’un goutte à goutte affamant ?

Pourquoi cette endémie dosée savamment ?

Quel noir souterrain

Guide tes pas incertains ?

Quelle alchimie te brûles, te consume, te torture 

De ses relents de cyanure, de forfaiture ?

Quelles peurs, quelles angoisses

Te coursent et durement te froissent ?

L’homme originel t’a meurtri dans ton âme.

Tu te venges de ses bassesses infâmes

En versant dans les yeux des hommes

Des larmes tristes et mornes.

 

Frêle Azalée,

Tu distribues tes faveurs nacrées

Avec une implacable comptabilité,

Semant l’espoir et la frustration,

Joie, colère et consternation.

Tu as tellement besoin d’amour,

Mais tu fuis ses atours.

 

Frêle Azalée,

Tu ne sais ce que tu fais,

Mais je t’aime et tu le sais.

 

 

 

Supplication

 

Dans l’ombre si chaude du souvenir,

Ma mémoire chaque nuit expire.

Ecris-moi vite !

Oh ! je t’en supplie.

De mes mains je sculpte ton absence,

Dessine de mes doigts ta béance.

Réponds-moi vite !

Oh ! je t’en supplie.

 

Pourquoi ce silence,

Soudain s’abat sans résistance,

Aux lendemains sans délivrance.

Quelle indifférence.

Nous étions si proches.

Pourtant je te croyais de roche.

Tes sentiments brûlaient la torche,

Eclairaient le porche.

 

Dans l’ombre si chaude du souvenir,

Ma mémoire chaque nuit expire.

Ecris-moi vite !

Oh ! je t’en supplie.

De mes mains je sculpte ton absence,

Dessine de mes doigts ta béance.

Réponds-moi vite !

Oh ! je t’en supplie.

 

 

 

Le Lys

 

Dis-moi pourquoi je t'aime

Beau lys ensommeillé

Oh ta blanche rosée

Pose son diadème

Sur mon coeur ainsi blême

De tant de larmes frêles

Que la pluie fit tomber

De mon âme brisée

 

Mes mains sur ta corolle

Enivrent tout mon sang

De mes ailes je te frôle

Dans la nuit caressant

Dans tes yeux je te bois

Océan de gris bleu

 

Terre entends mes aveux

Reçoit tout mon émoi

Ah Dis-moi pourquoi je t'aime

Oh lys émerveillé

Ton doux parfum nacré

Se coule dans mon sommeil

Tes doux frémissements

Font mon coeur extasié

 

Soyeux pétales aimés

Aux couleurs de serment

Le long de ton murmure

Se pose la colombe

Ainsi qu'une palombe

Reflets d'enluminure

 

Te voilà soudain page

A l'aube couverte de gemmes

Referme le passage

Je sais pourquoi je t'aime

Le chausse-cœur

 

Bonjour Madame, je voudrais un cœur,

Un tout petit cœur de 20 ans.

Un cœur qui m’irait comme une sœur,

Un cœur qui m’irait comme un gant.

 

Par ici Monsieur, je vais vous les présenter.

Ils sont de toute première qualité,

Fait main avec beaucoup d’amour,

Fait main avec des rubans autour.

 

Il y en avait de toutes les couleurs,

Habillés par des maîtres tailleurs.

Tous l’air très beaux.

Tous l’air très sots.

 

Mais dans un recoin, tout triste, traînait un petit cœur.

Presque nu dans ses haillons, il retenait ses pleurs.

Dans ses yeux coulait la mélancolie.

Il n’était pas assez beau, aussi joli.

 

Peut-être, mais sa chaleur était réconfortante,

Sa tendresse si grande,

Sa fragilité touchante,

Son âme pure et aimante.

 

Il me regardait, désespéré.

Finirait-il ses jours au rabais,

Relégué au objets soldés,

Acheté par un dégénéré ?

 

Je fus touché par tant de beauté

Que je décidais de l’acheter.

Combien coûte-t-il Madame la vendeuse ?

Oh ! Pas grand-chose, me dit-elle, boudeuse.

 

Je la payais et lui demandais :

Pourriez-vous me l’emballer dans votre plus beau papier doré ?

C’est que je ne voudrais pas qu’il ait peur,

La vie pour lui n’a pas été douce à toute heure.

 

A j’oubliais ! Auriez-vous un chausse-cœur ?

Délire mystique

 

Les infirmiers d’un hôpital psychédélique,

Vêtus de soutanes et armés de seringues,

Poursuivent les fidèles alcooliques

D’une secte qui vénère la meringue.

Le grand gourou exhorte ses brebis à l’humidité

Et brandit la machine à bêler,

Symbole criant de vérité,

D’une humanité exophtalmée.

Que votre volonté soit niet,

Crie le grand prêtre avant la quête.

Allez me quérir le grand citron

Qu’il se presse à venir en trublion.

Que vos groins fouillent sans fin

Les restes caramélisés et divin

D’une explosion d’un rire porcin

Qui éclabousse les sacristains de l’ordre du vin.

Que l’absolution soit donnée

Avec de l’eau de durite

Ponctionnée dans la carcasse énamourée

D’une deux chevaux hermaphrodite.

Allez, fidèles, allez engrosser de vos spermatozoïdes ventripotents

Les hordes d’incroyants tonitruants

Qui se cachent dans les comptes en banque frileux

Des suisses furonculeux.

Au nom d’un chien, du fisc, du saint téléphérique

Yo men.

La cane

 

C’est l’histoire d’une cane, prénommée Jeanne, qui a pour amie une vache prénommée broute en train qui la sort de son train-train quotidien à un train d’enfer.

Cette cane habite près d’un bec de gaz avec lequel elle s’est prise de bec.

D’un âge avancé, elle s’offre une canne de vieillesse, bien évidemment. Elle ne mange plus de sucre de canne mais sucre au passage quelques sucres quand dira t-on.

En vacances, elle cancane entre cannes et Cancane en trimbalant son jerricane de whisky et sa canette de bière.

L’hiver elle visite la brousse en bécane avec son canotier et sa sarbacane.

Elle mange de la vieille carne boucanée en regardant par la lucarne le carnage que font les cannibales.

A 80 ans, elle proclame que son canal carpien la fait atrocement souffrir à force de tresser le cannage de son rocking-chair.

Et à 90 ans, elle se réincarne en un boudin qui ricane et cherche querelle à qui la chicane.

Elle fut internée à l’hôpital de Sainte-Canne.

Un jour, elle mourut à un âge canonique et fut canonisée et enterrée à la Cannebière.

La poupée de verre

 

Un beau jour de mai,

Un petit monsieur

Tomba amoureux

D’une poupée de verre

Qu’il trouva par hasard

Dans le grenier

De sa vieille grand-mère.

 

L’ayant prise chez lui,

Il la mit sur son lit,

Lui a dit qu’il l’aimait,

Qu’il l’épouserait.

Il lui fit des cadeaux

Et des jolis mots.

La combla de tout

Et en devint fou.

 

Il avait toujours été seul.

Mais depuis ce jour

Sa vie s’illumina

D’une flamme blonde

Aux cheveux moirés.

Elle avait le visage pur d’une enfant trouvée.

 

Il l’abritera dans un écrin.

L’habilla de soie et de satin.

Déposa en son chagrin

Un peu de joie et de tendres matins.

 

Il l’emmena très loin

Faire de beaux voyages,

Le tour de la terre

En chemin de fer

Et lui ramena

De là-bas, des îles,

Des joyaux des mers,

Des perles marines.

 

Le temps s’écoula, heureux.

Mais un jour d’hiver

Elle tomba par terre

Et se brisa

En mille éclats de verre.

Et au petit matin,

Le petit monsieur

Fut retrouvé mort,

Allongé à côté de sa poupée de verre.

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Recueil disponible à

sylvain.thomas75@laposte.net

au prix de 5 euros 

(1 euro de frais de port)

Dessin : Sylvain THOMAS

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